mercredi 17 février 2010

Day 5

Bon 5ème jour et en amélioration.

L'impression de sortir la tête du sable, c'est pas si mal.  Problème de dosage au départ du nouveau médoc qui me provoquait ces crises de manque. Après un p'tit réajustement j'ai à peu près dormi normalement et j'ai eu un réveil pas trop douloureux. J'suis sur la bonne voie, mais je vais même pouvoir faire pleins d'exos de math, ô joie.

J'étais partie pour écrire ce blog de manière anonyme. D'ailleurs pourquoi un blog alors qu'un p'tit cahier, journal intime, n'importe quoi, aurait pu faire l'affaire? Parce que j'en écrit depuis des années mais que j'avais envie d'autre chose. D'avoir une démarche d'écriture, d'expression différente.

C'est quoi alors? Une espèce d'exhibitionniste malsain? Un besoin de reconnaissance? Une recherche de soutien? Y a sûrement de ça, mais pas que.

Déjà y a la colère. Le besoin de DIRE que ce n'est pas juste. Que ce n'est pas bien. Que l'incompétence amène des situations comme la mienne. Que oui, je suis victime, même si l'accepter est insupportable.
J'ai beau retourner la situation dans ma tête je n'aurais pas pu me défendre il y a 4 ans contre ces prescriptions. J'étais dans un tel état de panique, de méconnaissance, d'impuissance que j'aurais fait confiance au premier venu qui me disait que ma situation allait s'arranger. C'est ce que j'ai fait d'ailleurs.
Mange tes pilules ça ira mieux. Et oui, ça allait mieux. Vraiment. Après des mois dans une vie qui m'échappait complétement, je pouvais enfin voir, entendre, sortir, manger, dormir. Jamais j'aurais renoncé à ça.

Mais une fois qu'on va bien, bah, tout va bien pour eux, les médecins. Les cache-misères sont LA solution quelles qu'en soient les conséquences. Conséquences à assumer seule des années plus tard.

La portée pédagogique du blog? J'y crois peu. Peut-être, un jour, un lecteur averti lira ça et ça l'aidera dans sa démarche personnelle. Mais ça reste justement une démarche personnelle de se sevrer. C'est avant tout une prise de conscience. Ca vient de soi, de personne d'autre.

Alors pourquoi renoncer à l'anonymat? Parce que je pense que ça fait partie du processus de sevrage d'assumer ce que l'on est. De ne pas être réduit à ça mais d'accepter. Dire en face à ses amis, à sa famille ce que l'on vit c'est un premier pas, mais les mots se perdent, y a une distance, une incompréhension, une barrière que l'oral ne peut dépasser.

L'écrit, lui, on doit s'y confronter. Autant le lecteur que celui qui choisit les mots. On s'expose et on expose les autres à soi. On est dans le domaine de l'intimité moche, de tout ce qu'on met de côté : le corps qui est en dysfonctionnement, l'esprit qui flanche, la peur, la douleur. Je suis la première à mettre ça loin de moi, parce que ça dérange. Parce que quelque part, on a pas envie de voir la dégénérescence qui nous ramène à notre condition mortelle, notre condition faite de sang, d'organes qui palpitent, de graisse, de fluides, de trucs visqueux et dégueulasses.
Me voilà donc, corps brinqueballant et esprit chancelant mais moi. Je passe à la dissection parce que j'en ai besoin. Finalement, c'est p'têt ça la seule raison de ce blog. J'en ai besoin.


Et l'orgueil dont on se drape lorsqu'on est ceux qui ont mal
Pour de vrai, pour de faux, ou par abus de langage
Mérite bien un travail, ou au moins un arrêt sur soi
Et puis le talent, l'aspect novateur d'un style ça veut dire quoi
Si ça ne fait pas aller vers l'autre
Si ça ne nous fait pas aimer l'autre
C'est pas parce qu'on souffre qu'on est légitime
C'est pas ceux qui sont le plus mal qui sont les plus dignes

Abd Al Malik - Céline

2 commentaires:

  1. Je ne savais pas du tout, je pensais que tout cela était derrière toi depuis longtemps. Je salue le geste (le blog) car j'en ai marre d'avoir des amies que ces produits détruisent. Marre de ce système médical qui s'attaque aux conséquences plutôt qu'aux causes, marre aussi de la psychiatrie incompétente (y'en a-t-il une autre??). Ton chemin sera long et semé d'embuches, mais on dit aussi que c'est l'acceptation le plus dur, et là je pense qu'il n'y a pas de soucis à se faire... Mais tu sais, pour certains, c'est la radicalité qui aide, alors peut être as tu besoin de partir, seule, loin, ailleurs, pour te reconstruire et aller de l'avant. En tous cas, saches que je suis là, anytime, anywhere,
    Peace et courage, Sand.

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  2. Merci Sand :)
    Le chemin le plus dur est fait. Je me suis reconstruite, je sais qui je suis, où je vais, et d'ailleurs, je vais plutôt bien. Là, la partie qui reste à faire c'est retrouver une liberté loin des trucs chimiques.Mais ça vient,doucement.

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