dimanche 8 août 2010

Les coups et les mots

Plus d'un million de femmes sont confrontées à un acte de violence dans sa vie. Une femme sur dix est victime de violence conjugale et tous les trois jours, une femme en meurt.

Les âges, les classes sociales, les professions, l'éducation, il n'y a rien qui peut faire que l'on peut en dresser un profil type. Même les violences sont diverses et différentes. A part trop souvent la loi du silence, elles n'ont rien en commun ces femmes. Nous n'avons rien en commun.

J'ai été victime. Pendant longtemps, j'ai cru que ce n'était pas grave. Juste des coups de colère. Des moments d'énervement. Un poing dans le mur, une porte défoncée, quelques trucs cassés, ça passera. Et puis après les objets, viennent les personnes.

Oh, je pensais là encore que c'était normal, de simples disputes. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, pas du genre à me taire, alors les coups, ça me faisaient pas grand chose et j'en ai même rendu quelques uns. Mais 1m65 pour 50kg ça ne fait jamais le poids, c'est le cas de le dire, contre 1m80 et 90kg.

Alors le jour où il a appris que je l'ai trompé, ça a basculé. Ça n'était plus une dispute, non. C'était un acte volontaire. Alors voilà les flics qui débarquent et quelques minutes pour décider de porter plainte ou non. Finalement une main courante, parce que merde, j'ai passé un bon bout de ma vie avec lui et que j'ai pas envie de l'envoyer en garde à vue. Sentiments à la con.

Et puis c'est qu'une erreur, ça ne se reproduira pas. Et puis dans le fond, il n'est pas comme ça. Y a qu'à le voir plein de tendresse et d'attention avec moi. Y a qu'à le voir doux et adorable avec ces amis. Prévenant, drôle, cultivé. Non, une simple erreur de parcours, un pétage de plombs, c'est pas si grave.
Et en plus, il s'excuse, s'en veut, regrette sincèrement. Et promet de ne jamais recommencer. Alors non, ce n'est pas si grave.

Mais il y a l'autre violence aussi. Plus insidieuse. La violence psychologique. Fouiller dans mes affaires, pirater mon ordinateur, harcèlement au téléphone, questions et suspicions constantes, menaces... Mais là aussi, c'est pas grave. C'est de la jalousie, ça arrive. Et puis il a raison après tout, je l'ai trompé, alors pourquoi je mériterai pas ça? Finalement, c'est bien fait pour moi, j'avais qu'a pas faire de conneries.

Alors je commence à faire gaffe à chaque chose. Mais chaque détail devient une preuve de mon infidélité, de mes mensonges, de ma manipulation même si, bien évidemment, ça n'est pas réel. Et je finis par y croire moi-même.

Jusqu'à la prise de conscience. Il faut que ça se termine et que je sorte de cet enfer même après des années où j'étais heureuse. Ça ne plus durer. Alors je pars. Mais ça ne change rien. 

Les doutes et les soupçons continuent à me poursuivre, le harcèlement aussi. Et puis il découvre que j'ai refait ma vie, avec quelqu'un d'autre. Et de nouveau, la violence physique. Les tambourinages nocturnes sur la porte, le réveil des voisins, le téléphone qui sonne sans cesse jusqu'à ce qu'il arrive à entrer dans l'appartement, en me tordant le poignet, pour être certain que je suis seule.

Et s'en suivent les appels répétés au commissariat. Quelques mots réconfortants, un ou deux passages mais après tout, il y a d'autres urgences. Et il y en a une sur dix tous les jours, alors une de plus ou moins, qu'est ce que ça change?

Mais non, ce n'est pas normal. Ce ne sont pas des disputes de couple. Ce ne sont pas des engueulades. Ce n'est pas de la jalousie. Ce n'est pas de la passion. Et ce n'est certainement pas de l'amour. C'est de la violence. 

Et j'en suis victime, pas responsable. Jamais on ne l'est. Jamais on ne mérite ça.

Alors il faut le dire haut et fort. Affronter le regard des autres, s'avouer et s'accepter victime, se dire qu'à nous aussi ça peut arriver, porter plainte. Les sentiments ils vont se faire foutre, notre vie vaut plus que ça. On n'a pas la force physique, nous, mais on a nos mots et notre voix. Et il faut qu'elle raisonne pour que plus jamais il n'y en ait une sur dix.

mardi 3 août 2010

Day 172

L'heure d'un petit bilan puisque je n'ai pas écrit régulièrement :)

Jour 1 à 43 : Un mois et demi de substitution, remplacement progressif du Temesta par le Lysanxia.
Dose de départ : 82 goutes, soit 41 mg.

Le temps de l'adaptation à la nouvelle molécule a été compliqué les premières semaines et à chaque changement. Les principaux symptômes étaient au début le fait d'être sédatée la journée, les maux de tête, et les insomnies. Et aussi les maux de ventre : brûlures d'estomac, nausées, etc.
_______

Jour 44 à 79 : Un mois de stabilisation où je n'ai pas touché aux doses.
C'était en pleine préparation du concours et c'est la phase la plus simple puisque pas de changements. Pas spécialement de symptômes durant cette période si ce n'est la fatigue, liée aussi au mode de vie.

_______

Jour 80 à 172 : Trois mois donc de sevrage et j'en suis à la moitié.
Dose actuelle : 10 gouttes le matin - 10 gouttes le midi - 20 gouttes le soir soit 40 gouttes en tout (20 mg)

J'ai commencé, pour résumer, à diminuer de 5 gouttes le premier mois, puis 4 le second et enfin 3 le dernier, en ayant un rythme de baisse qui varie entre une à deux semaines.

Au niveau de la difficulté et des symptômes, ils varient au cours du temps. Le premier mois fut assez simple mais plus la diminution est importante par rapport à la dose initiale, plus le temps d'adaptation à la nouvelle dose est long. Il y a parfois un effet de manque au début (premier/deuxième jour) qui s'estompe cependant rapidement.

Même si je continue à suivre un sevrage régulier, je l'adapte surtout au ressenti de mon corps, à ses réactions, c'est un travail qui lie vraiment le "mental" et le "physique" puisqu'il faut être préparé à chaque diminution. Mais ça, ça s'améliore avec le temps comme si mon corps avait compris ce nouveau mode de fonctionnement.

Au niveau des symptômes, ils ont tous quasiment disparu sauf les insomnies qui sont difficiles à gérer. L'endormissement est la phase la plus complexe, elle varie chez mois entre deux heures et six heures du matin. Je pense que c'est dû également aux vacances qui n'aident pas à avoir un rythme stable, mais je ressens les perturbations du sommeil à chaque diminution.

Hormis cela, le reste n'est que de l'amélioration de vie. Le retour de la mémoire, moins de fatigue ou de coups de barre facilement, les émotions plus claires et plus "normales", ou du moins qui sont plus variables et pas sur une même "ligne" de ressenti.

L'impression d'avoir l'esprit plus clair pour réfléchir, de ne plus être un "zombi" comme je pouvais parfois l'être sous Temesta, beaucoup moins de symptômes de manque également. Bref, une vie plus libre, même si la gestion de cette nouvelle liberté n'est pas forcément toujours évidente à gérer.