samedi 9 octobre 2010

Merci!

Dis donc, ça fait bizarre d'avoir d'un coup plein de gens sur ce blog et plein de commentaires super gentils. Merci à tous, je pense qu'il faut que je commence par là, parce que ça m'a vraiment donné une raison supplémentaire pour réussir ce "god damned" sevrage!

Être lue, soutenue, comprise c'est un des points essentiel du sevrage, c'est aussi ça qui permet à la motivation de ne pas flancher.

J'ai eu quelques questions concernant les crises d'angoisse mais je ne peux pas répondre. Non que je  ne veuille pas mais c'est très difficile de se mettre dans la tête de quelqu'un d'autre pour savoir comment gérer cela, vu que chaque expérience est très différente. Cependant, je dirais, de ce que j'en ai observé, que nous, angoissés, avons un gros souci avec l'idée de lâcher prise et d'accepter le changement. Nous le voyons souvent comme une menace (ce qui rejoint un peu mon article précédent) ou un renoncement au lieu de le voir comme une possibilité de reconstruire.

Bizarrement, il suffit parfois d'ouvrir les yeux, d'observer, de faire les bonnes rencontres, de laisser le hasard faire les choses pour nous au lieu de vouloir tout contrôler pour se sentir bien. Je vais citer Grey's anatomy (oui, on a les références qu'on peut...) mais cet extrait m'a marqué car tombé exactement au moment précis où je cherchais les mots pour décrire ce que je ressentais :

"Quand on dit des choses du genre : "Les gens ne changent pas", ça rend les scientifiques dingues... Car le changement est littéralement la seule constance en science.

L'énergie... La matière... Tout change, se transforme, se mélange, grandit, meurt. C’est le refus du changement qui est contre-nature. Notre façon de s’accrocher aux choses au lieu de laisser aller, de se raccrocher aux vieux souvenirs au lieu d’en créer de nouveaux, notre manière d’insister pour croire, malgré toutes les preuves scientifiques, que tout dans notre vie est permanent.

Le changement est constant. Comment on l’expérimente, c’est à nous de voir. Ça peut ressembler à la mort ou à une deuxième chance de vivre.

Si l’on ouvre nos doigts, qu’on lâche prise, qu’on se laisse aller alors on peut le sentir comme de l’adrénaline pure. Comme si à chaque moment on pouvait avoir une autre chance de vivre. Comme si à chaque moment, on pouvait toujours renaître."

Non, ce n'est pas naïf. Tout change. Tout bouge. Notre capacité d'adaptation est la seule chose qui nous permet s'y faire face, mais encore faut-il que nous souhaitions nous adapter. Je dirais que j'ai commencé à ne plus faire de crises d'angoisse ou d'attaques de panique à partir du moment où j'ai accepté que je n'avais  aucune emprise sur elles et que me répéter qu'il fallait que je contrôle ne donnait que l'effet inverse.

Je sais, c'est facile à dire. Avoir l'impression de mourir, que nous allons nous écrouler physiquement, que nous n'avons aucun contrôle sur la manière dont notre corps réagit, d'avoir le sentiment d'être dingue est insupportable. Mais au final, a-t-on déjà vu quelqu'un mourir d'une attaque de panique? Non.

Alors si la crise vient, laissez la venir. De toute façon, elle est déjà là, c'est trop tard. Et acceptez là, comme un bout de vous. Oui, elle est douloureuse mais à quoi sert de lutter quand on sait que la lutte est le meilleur moyen de la rendre plus forte?

Ok, elle est là. Elle partira. Et ne pas lui laisser de prise est le seul moyen de la voir revenir moins souvent. S'il y avait une formule magique ou des médicaments efficaces, on irait tous bien. Accepter, lâcher prise, c'est le seul conseil que les angoissés ne veulent pas entendre et qui est pourtant efficace. 

Alors courage à tous.

PS : D'ailleurs en parlant de changements, le blog fait peau neuve!

dimanche 26 septembre 2010

Résilience



La capacité de résilience, en physique, est la capacité d’un corps à résister à la pression et à reprendre son état initial.

En psychologie la résilience est la capacité à surmonter un traumatisme ou un choc traumatique. C'est-à-dire la capacité à sortir de la "dépression" pour vivre de nouveau. Acceptation, adaptation,  instinct de survie, surmonter, avancer... sont probablement des synonymes ou des parties prenantes de cette capacité de résilience.

Considérant que nous sommes avant tout matière, en toute logique, la capacité de résilience me semble innée et fait donc partie de chacun de nous. Cependant, comme toute capacité, elle peu taussi se développer, j’y reviendrais par la suite.

En psychologie serait définit  comme un choc traumatique un choc considéré comme "grave" tel qu’un viol, un deuil, l'inceste, etc. Je pense que nous pouvons appliquer la notions de chocs traumatiques à tous les éléments de la vie et que nous en subissons chaque jour : contrariétés familiales ou professionnelles, disputes, séparation, violences subies, etc. et que nous les encaissons souvent sans nous en rendre compte justement par notre capacité de résilience. Celle-ci dépend en partie de notre vision du bonheur, d’une part, et de l’importance accordée aux éléments extérieurs perturbateurs  d’autre part, qui peuvent influer sur notre "bonheur".  Je mets ce mot entre guillemets car cette notion n’est définissable que subjectivement, rapportée à notre vécu.

Donc notre capacité de résilience peut s’étendre par la connaissance de soi-même. Lucia Etxebarria, dans son livre Je ne souffrirai plus par amour  prend l’exemple de sa fille pour illustrer le concept de résilience. Celle-ci apprend à marcher et tombe. Si elle n’avait pas en elle cette résilience, elle n’aurait jamais appris à marcher puisque elle serait tombée et n’aurait plus essayé de nouveau. Notre capacité à être debout, au sens propre comme au figuré, dépend donc de notre capacité à s’adapter aux changements qu’induisent obligatoirement la vie puisque bon, ne nous leurrons pas, rien n’est figé, ni éternel (et tant mieux !).

Les changements causés par un trauma peuvent donc être vécus de manières très différentes, selon ce que nous avons vécu au préalable dans notre vie et la façon donc nous voulons qu’ils soient vécus. Chaque changement s’accompagne d’une phase de deuil (avec  ses différentes phases dont je choisis ici celles qui me semblent les plus pertinentes) :

1. Le choc
2. Le déni
3.La colère
4. La négociation
5. La tristesse
6. L’acceptation

La capacité de résilience se situerait dans l’acceptation et après.

C’est notre aptitude à surmonter ce deuil ou trauma (au sens large, accepter qu’une partie de soi meure pour renaître) afin de continuer à vivre, et surtout, vivre de nouveau différemment en mieux.

Je ne dis pas qu’il n’est pas nécessaire ou anormal de passer par ne phase de dépression face à un changement brutal mais il faut pouvoir la surmonter pour vivre. La résilience existe d’ailleurs également dans le domaine de l’écologie, c’est la possibilité d’un écosystème ou d’une espèce à s’adapter à un changement brutal, on en revient donc à la même chose : marche ou crève.

Oui, c’est brutal mais pourtant probablement une des seules vérités existantes. Oui mais comment faire ? Là encore, pas de "Guide en 10 leçons de la capacité de résilience", c’est avant tout un parcours, bon, un chemin de croix à franchir afin de s’affranchir, justement, des poids de l’existence qui nous empoisonnent.

Je prendrai mon exemple personnel afin d’illustrer cela. Je n’étais pas heureuse dans ma vie il y a encore quelques mois. Pour une multitude de raisons qui finalement reviennent à la même chose : ma vie ne correspondait pas à ce à quoi j’aspirais. Je ne sais toujours pas ce que je veux d’ailleurs, mais je sais ce que je ne veux plus. Donc la première chose à faire est renoncer.
Renoncer, laisser partir, lâcher prise. Ce n’est pas forcément négatif que de renoncer à ce que l’on sait et ce que l’on a identifié néfaste pour soi. Une relation amoureuse, une relation amicale, un emploi… A partir du moment où la cause de "je ne suis pas heureux" est reconnue il convient d’y remédier ou de se faire une raison et de vivre sa vie sans choisir.

La renonciation, dans mon cas d’une rupture amoureuse, s’accompagne d’un tas de paramètres que l’on ne peut prévoir. Il ne s’agit pas seulement de renoncer à l’autre et à sa relation mais à l’ensemble des bases communes construites. Autant dire un saut dans le vide et l’inconnu. C’est renoncer à ce que j’étais en tant que couple pour exister en tant que personne indépendante et donc en tant qu’individu.

C’est donc dire au revoir à des schémas ancrés, des amitiés, des habitudes, un mode de vie et recommencer. C’est difficile. Nous sommes accrochés à ce qui nous est familier car c'est rassurant. Mais rassurant ne veut pas dire pour autant bénéfique. Donc accepter que la douleur ne soit pas une douleur insurmontable mais une douleur nécessaire et temporaire que constitue tout deuil constituerait ma deuxième phase.

On peut souffrir. On peut avoir mal, très mal même. Mal par déception, par manque, par regret, ou sans raison. La rééducation psychologique ne peut se faire dans la douceur au même titre que la rééducation physique. Elle exige de remettre en cause ce que l’on pensait vrai, immuable et donc de se remettre en cause. Je n’invente absolument rien, Platon dans L’allégorie de la Caverne explique il y a des siècles que la connaissance demande efforts, volonté et passe par une phase de violence faite à soi-même.

La capacité à accepter que la douleur est partie prenante du processus de résilience est un pas donc vers l’apaisement de cette douleur.

Suite à la douleur vient la phase de réapprentissage. Réapprendre à vivre différemment, seul et pour soi surtout. La principale erreur pour moi constituerait à refaire non pas des erreurs mais les mêmes erreurs.

C'est-à-dire, dans mon cas, quitter un cocon sécurisant pour en retrouver un autre immédiatement (j’ai essayé c’est voué à l’échec pour peu que l’on accepte que notre schéma précédent nous rendait malheureux), construire des relations sur la base de ce que l’on était et non de ce que l’on est, vivre dans l’illusion du changement sans pour autant  avoir remis à zéro ses compteurs.

C’est ce que j’observe souvent autour de moi. Ce phénomène est assez facilement identifiable quand par exemple, on se rend compte que l’on veut faire vivre à l’autre ce que l’on a vécu, lorsque l’on considère que la souffrance subie ne peut trouver réparation que dans la souffrance infligée, que celle-ci sera similaire et qu’il y aura alors réparation du "mal" commis. Or, c’est une grossière erreur puisque la souffrance donnée volontairement ne fait qu’entretenir la relation de dépendance (à ses schémas, à l’autre…) et ne fonctionne que s’il y a une capacité à faire souffrir l’autre, c’est à dire que l'autre donne des prises pour accepter de souffrir.

Si vous en êtes là, une seule chose à faire : dire non. Et donc retour à la première phase : je reconnais ce qui me fait souffrir donc je renonce, etc., etc.

La reconstruction exige également de s’imposer. "Je suis moi, j’existe et je sais ce que je vaux". Et n’importe qui tentant de s'immiscer dans ce processus doit simplement disparaître. Non je ne recommande pas l’utilisation d’un fusil à pompe, quoique ça peut défouler mais vous risquez de vous exposer à quelques petits problèmes judiciaires par la suite.
Dire "Non", "J’ai pas envie" voir "Je vous emmerde"est probablement le plus grand service que nous pouvons nous rendre parfois pour se débarrasser des parasites qui seront toujours existants. Et si on a traversé tout ce chemin de renoncement, de douleur et d’acceptation ce n’est certainement pas pour aller recommencer à s’encombrer de connards et connasses en tout genre, de poids morts, de trucs qui ne servent à rien. NON.

Une partie de notre entourage acceptera le changement. Une autre non. Elle jugera sans connaître, sans essayer de comprendre, avec ses œillères puisque notre propre changement les renverra à eux-mêmes et leur incapacité à changer justement. Dans ce cas, hop, poubelle.

La mauvaise nouvelle c’est que nous allons devoir faire face aux déceptions en tout genre. La bonne nouvelle c’est que nous aurons fait un ménage qui nous servira pour le reste de la vie et que les déceptions ont moins de chance de se reproduire.

"Depuis le fond de mon exil je vous pisse à la raie bien tranquille, là-bas, ne m’en veuillez pas". Je pense que cette phrase résume assez bien ma capacité de résilience du moment.

Sans forcément de haine ou de colère, je répète, mais simplement être dans une optique de mouvement, d’avancée sans entrave en se basant sur une lucidité retrouvée.

Day 225

A priori, 225 jours mais je deviens un peu nulle en math.

Donc 225 ça doit faire dans les 7 mois, et au bout de 7 mois me voici à 26 gouttes, soit 6 le matin, 5 le midi et 15 le soir.

Ça avance plus doucement à partir de maintenant mais les choses sont plus difficiles au fur et à mesure du sevrage puisque chaque goutte a plus d'importance. Au niveau des effets secondaires, concernant les médicaments, je n'en ressens plus aucun. Ni au niveau physique, ni au niveau psychologique.

La seule chose qui reste encore est l'effet de manque qui se fait plus intense quand je ne prends pas mes doses à heures fixes. Hormis cela, qui m'astreint à un régularité dans mon mode de vie (que je n'ai pas!) le sevrage est possible.

Indépendamment de cela, j'ai refait quelques crises d'angoisses qui sont gérables avec l'apprentissage et autre chose que les médicaments. De mêmes que les coups durs et aléas de la vie doivent être intégrés dans le processus de sevrage pour pouvoir le gérer sereinement, sans avoir peur de perdre pied. Parce que si j'arrive à faire les choses difficiles sans l'aide des médicaments alors je peux faire le reste.

Il n'y a donc pas, pour moi, de moment adéquat pour se sevrer. Le seul moment est celui que l'on décide. Le reste après ne dépend pas forcément de nous, nous n'avons pas le contrôle sur ce qui nous entoure mais nous l'avons sur la capacité à s'assurer de mener à bien une vie sans benzodiazépine.

Je pense donc encore beaucoup à ceux qui ont peur de franchir le pas aujourd'hui ou qui ne s'en sentent pas capable. Si vous décidez que vous pouvez le faire, si vous décidez que votre vie pet ne pas être régie pas les médicaments alors vous avez fait 80% du chemin.

Je ne dis pas que c'est facile. Je ne suis pas là pour faire un blog sur le développement personnel que j'abhorre au plus au point en disant que seule la volonté suffit. Non, il faut aussi s'accrocher, avoir conscience que les symptômes de la dépendance sont aussi physiques, que c'est une drogue et que nous sommes des toxicomanes.

Mais malgré tout, la vie est mieux sans qu'avec. Et rien que pour ça, ça vaut le coup d'essayer.

dimanche 8 août 2010

Les coups et les mots

Plus d'un million de femmes sont confrontées à un acte de violence dans sa vie. Une femme sur dix est victime de violence conjugale et tous les trois jours, une femme en meurt.

Les âges, les classes sociales, les professions, l'éducation, il n'y a rien qui peut faire que l'on peut en dresser un profil type. Même les violences sont diverses et différentes. A part trop souvent la loi du silence, elles n'ont rien en commun ces femmes. Nous n'avons rien en commun.

J'ai été victime. Pendant longtemps, j'ai cru que ce n'était pas grave. Juste des coups de colère. Des moments d'énervement. Un poing dans le mur, une porte défoncée, quelques trucs cassés, ça passera. Et puis après les objets, viennent les personnes.

Oh, je pensais là encore que c'était normal, de simples disputes. Je ne suis pas du genre à me laisser faire, pas du genre à me taire, alors les coups, ça me faisaient pas grand chose et j'en ai même rendu quelques uns. Mais 1m65 pour 50kg ça ne fait jamais le poids, c'est le cas de le dire, contre 1m80 et 90kg.

Alors le jour où il a appris que je l'ai trompé, ça a basculé. Ça n'était plus une dispute, non. C'était un acte volontaire. Alors voilà les flics qui débarquent et quelques minutes pour décider de porter plainte ou non. Finalement une main courante, parce que merde, j'ai passé un bon bout de ma vie avec lui et que j'ai pas envie de l'envoyer en garde à vue. Sentiments à la con.

Et puis c'est qu'une erreur, ça ne se reproduira pas. Et puis dans le fond, il n'est pas comme ça. Y a qu'à le voir plein de tendresse et d'attention avec moi. Y a qu'à le voir doux et adorable avec ces amis. Prévenant, drôle, cultivé. Non, une simple erreur de parcours, un pétage de plombs, c'est pas si grave.
Et en plus, il s'excuse, s'en veut, regrette sincèrement. Et promet de ne jamais recommencer. Alors non, ce n'est pas si grave.

Mais il y a l'autre violence aussi. Plus insidieuse. La violence psychologique. Fouiller dans mes affaires, pirater mon ordinateur, harcèlement au téléphone, questions et suspicions constantes, menaces... Mais là aussi, c'est pas grave. C'est de la jalousie, ça arrive. Et puis il a raison après tout, je l'ai trompé, alors pourquoi je mériterai pas ça? Finalement, c'est bien fait pour moi, j'avais qu'a pas faire de conneries.

Alors je commence à faire gaffe à chaque chose. Mais chaque détail devient une preuve de mon infidélité, de mes mensonges, de ma manipulation même si, bien évidemment, ça n'est pas réel. Et je finis par y croire moi-même.

Jusqu'à la prise de conscience. Il faut que ça se termine et que je sorte de cet enfer même après des années où j'étais heureuse. Ça ne plus durer. Alors je pars. Mais ça ne change rien. 

Les doutes et les soupçons continuent à me poursuivre, le harcèlement aussi. Et puis il découvre que j'ai refait ma vie, avec quelqu'un d'autre. Et de nouveau, la violence physique. Les tambourinages nocturnes sur la porte, le réveil des voisins, le téléphone qui sonne sans cesse jusqu'à ce qu'il arrive à entrer dans l'appartement, en me tordant le poignet, pour être certain que je suis seule.

Et s'en suivent les appels répétés au commissariat. Quelques mots réconfortants, un ou deux passages mais après tout, il y a d'autres urgences. Et il y en a une sur dix tous les jours, alors une de plus ou moins, qu'est ce que ça change?

Mais non, ce n'est pas normal. Ce ne sont pas des disputes de couple. Ce ne sont pas des engueulades. Ce n'est pas de la jalousie. Ce n'est pas de la passion. Et ce n'est certainement pas de l'amour. C'est de la violence. 

Et j'en suis victime, pas responsable. Jamais on ne l'est. Jamais on ne mérite ça.

Alors il faut le dire haut et fort. Affronter le regard des autres, s'avouer et s'accepter victime, se dire qu'à nous aussi ça peut arriver, porter plainte. Les sentiments ils vont se faire foutre, notre vie vaut plus que ça. On n'a pas la force physique, nous, mais on a nos mots et notre voix. Et il faut qu'elle raisonne pour que plus jamais il n'y en ait une sur dix.

mardi 3 août 2010

Day 172

L'heure d'un petit bilan puisque je n'ai pas écrit régulièrement :)

Jour 1 à 43 : Un mois et demi de substitution, remplacement progressif du Temesta par le Lysanxia.
Dose de départ : 82 goutes, soit 41 mg.

Le temps de l'adaptation à la nouvelle molécule a été compliqué les premières semaines et à chaque changement. Les principaux symptômes étaient au début le fait d'être sédatée la journée, les maux de tête, et les insomnies. Et aussi les maux de ventre : brûlures d'estomac, nausées, etc.
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Jour 44 à 79 : Un mois de stabilisation où je n'ai pas touché aux doses.
C'était en pleine préparation du concours et c'est la phase la plus simple puisque pas de changements. Pas spécialement de symptômes durant cette période si ce n'est la fatigue, liée aussi au mode de vie.

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Jour 80 à 172 : Trois mois donc de sevrage et j'en suis à la moitié.
Dose actuelle : 10 gouttes le matin - 10 gouttes le midi - 20 gouttes le soir soit 40 gouttes en tout (20 mg)

J'ai commencé, pour résumer, à diminuer de 5 gouttes le premier mois, puis 4 le second et enfin 3 le dernier, en ayant un rythme de baisse qui varie entre une à deux semaines.

Au niveau de la difficulté et des symptômes, ils varient au cours du temps. Le premier mois fut assez simple mais plus la diminution est importante par rapport à la dose initiale, plus le temps d'adaptation à la nouvelle dose est long. Il y a parfois un effet de manque au début (premier/deuxième jour) qui s'estompe cependant rapidement.

Même si je continue à suivre un sevrage régulier, je l'adapte surtout au ressenti de mon corps, à ses réactions, c'est un travail qui lie vraiment le "mental" et le "physique" puisqu'il faut être préparé à chaque diminution. Mais ça, ça s'améliore avec le temps comme si mon corps avait compris ce nouveau mode de fonctionnement.

Au niveau des symptômes, ils ont tous quasiment disparu sauf les insomnies qui sont difficiles à gérer. L'endormissement est la phase la plus complexe, elle varie chez mois entre deux heures et six heures du matin. Je pense que c'est dû également aux vacances qui n'aident pas à avoir un rythme stable, mais je ressens les perturbations du sommeil à chaque diminution.

Hormis cela, le reste n'est que de l'amélioration de vie. Le retour de la mémoire, moins de fatigue ou de coups de barre facilement, les émotions plus claires et plus "normales", ou du moins qui sont plus variables et pas sur une même "ligne" de ressenti.

L'impression d'avoir l'esprit plus clair pour réfléchir, de ne plus être un "zombi" comme je pouvais parfois l'être sous Temesta, beaucoup moins de symptômes de manque également. Bref, une vie plus libre, même si la gestion de cette nouvelle liberté n'est pas forcément toujours évidente à gérer.

samedi 3 juillet 2010

Summertime

Janis chante Summertime, une retraite de quelques jours au calme et au soleil, barbecue et lecture, que demandez de plus? Ha oui, mettre son cerveau au frigo, à côté des bières.

Pourquoi faire mal aux gens, ou plus exactement comment en arrive-t-on là?  Voilà ce qui me trotte dans la tête depuis plusieurs jours. 

La plus évidente façon est de vouloir faire mal de manière intentionnelle. La plus évidente mais pas forcément la plus simple. Parce que faire mal implique de savoir où "taper" pour que ça percute, avoir une prise, une plaie dans laquelle s'immiscer. Et puis, au fond, pourquoi le faire? Qu'est ce qui nous motive à vouloir blesser? Un instinct primaire de vengeance, de justice par soi-même, le bon vieux "œil pour œil, dent pour dent"? Probablement, la volonté de se défouler aussi. De ne plus subir, de trouver un sentiment d'égalité ou au moins une satisfaction d'exister, parce que faire mal, c'est faire réagir.

Mano Solo chantait : "Si tu m'avais demandé, moi j't'aurais dit que dans la vie, c'qui compte c'est pas l'issue mais c'est le combat, c'est le combat, qu'il faut rendre ce que tu reçois, les mauvais coups comme les plus bas parce que rien que la beauté du geste te donne raison sur ce que tu détestes."

Oui, je pensais aussi, et je le penserai encore surement. Parce que courber l'échine, fermer les yeux et sa gueule, ça va un moment jusqu'à ce qu'on craque. Bon, cela dit, c'est souvent tellement futile qu'on se sent juste très con avec sa colère et sa haine, qu'on a déversé, mais on s'en rend compte toujours trop tard. Une fois que c'est fait et qu'on a fini par se faire plus mal aux poings qu'au mur en face.

Le plus couramment, on fait mal sans s'en rendre compte, sans mesurer l'impact d'un mot ou d'un geste. Et là c'est l'effet inverse. Trouver la faille et y appuyer sans le vouloir. Là aussi on se sent con, mais en plus, on culpabilise. 

Qu'est ce que j'aurais pu, du, faire pour que les choses soient différentes? Est-ce que j'aurais pu éviter de faire mal? Comment et surtout, à quel prix? Qu'est ce que je peux faire maintenant? Est-ce que je peux réparer? Oui, mais si je répare est ce que je ne fais pas pire que mieux? Et quelle est finalement notre part de responsabilité dans tout ça?

Est-ce que faire mal non intentionnellement parce qu'on ne comprend pas l'autre ou qu'on ne peut lui donner ce qu'il attend fait de nous de vilains méchants? Jusqu'au où doit-on protéger l'autre? Quel est notre rôle là-dedans? Oui, beaucoup de points d'interrogation, mais j'ai beau retourner ça dans tous les sens, je ne trouve que trop peu de réponses. 

Ce qui nous amène au "mal nécessaire". Celui qu'on fait pour ne pas mentir. Celui-là est le plus pernicieux, excuse valable à tous les coups. 
- "Et pour la petite dame, qu'est ce que ce sera?'
- "Oh bah une douzaine de "Je te blesse mais c'est pour ton bien, tu comprends?""
- "C'est parti"

Sauf que là c'est le comble de l'hypocrisie. On en fait pas un mal nécessaire pour être honnête mais pour se protéger et jusque parce que, égoïstement, on a décidé que soi était plus important que l'autre. Bien sûr, c'est recevable. Parce qu'on va pas non plus régir sa vie en fonction du mal que l'on fait et que des choix doivent s'imposer parce que son bonheur passe avant tout, ou du moins, le sentiment que l'on sera plus heureux comme ça. 
On peut réparer ça? Non. On choisit, on assume, mais on ne peut être à la fois bourreau et infirmier, porter les coups et les caresses qui apaisent. On se plante devant sa glace, on se dit qu'on est dégueulasse mais que c'est mieux, pour NOUS, comme ça et on ferme sa gueule. Parce que pour l'autre, c'est pas mieux comme ça, pour lui, ça changera rien, il souffrira quand même. Et notre petite souffrance coupable, notre souffrance du renoncement, notre souffrance de voir souffrir, à côté, c'est rien.

La seule chose qui reste à faire? S'excuser. Juste s'excuser. Sincèrement. Ça ne soignera rien, ça n'apaisera ni l'autre, ni soi, mais j'ai pas trouvé mieux. Donc je vous présente mes excuses, à ceux qui se reconnaitront.

samedi 26 juin 2010

Day 134

Je ne pouvais quand même pas laisser un mois d'été sans billet, même si la motivation m'a un peu quitté dernièrement. Manque d'habitude, laisser-aller, envie de penser à autre chose... Je ne sais pas trop.

Mon sevrage continu d'avancer, bien même. Je pense que, étrangement, c'est la seule chose fiable et stable dans ma vie en ce moment et je la garde donc très précieusement.

J'en suis à 55 gouttes, bientôt la moitié, je ne suis plus impatiente, pas résignée non plus, sûre de moi. J'en vois le bout, je sais que d'ici quelques mois ce sera loin derrière, et que, quoiqu'il arrive, j'y arriverai. C'était sûrement le pire et meilleur moment pour commencer à se sevrer, parce que finalement on ne peut jamais tout contrôler, tout prévoir et qu'il faut s'adapter. Une fois que j'ai compris que je n'avais plus besoin de médicaments pour vivre, tout est soudain devenu plus clair. Je ne dis pas que c'est tous les jours facile, qu'il n'y a jamais de moments où je n'ai pas envie de reprendre de Temesta, où je ne me sens pas angoissée, mais je n'en ai plus besoin. 

J'ai relu Desproges récemment, oui, ça reste ma thérapie, et une phrase m'a frappé : "La caractéristique principale d'un ami est sa capacité à vous décevoir". Ça m'a semblé tellement évident et juste que je ne sais pas comment j'ai pu passer à côté jusqu'à présent. Je ne pense pas qu'il y ait  cependant une once de cynisme dans cette phrase, ni dans mes pensées. 

C'est simplement la chose la plus humaine qui existe. Je suis terrorisée à l'idée de décevoir les gens que j'aime, mes amis, ma famille, les gens pour qui j'ai de l'estime que ça en vire parfois à l'obsession. Mais après tout, comment composer entre son soi et son image, entre sa vie et celle des autres, entre ses actes et la façon dont ils peuvent être perçus? J'ai beau retourner le problème, c'est une équation insoluble, il y a forcément des dommages collatéraux à un moment ou à un autre, nécessairement un jugement, des sentiments qui s'en mêlent et s'emmêlent et la raison qui fout le camp.

Est-ce parce que l'autre, cet ami, n'agit pas comme on le voudrait ou ne dit pas les mots attendus qu'il faut pour autant considérer que la solitude est la seule issue? Ou alors qu'il n'est pas un "véritable" ami et qu'il faut donc s'en séparer comme un chien sur l'autoroute le jour du départ en vacances? Non.

La capacité de déception fait partie du jeu de la confiance qu'on accorde, fait obligatoirement partie des choses qui s'installent après des années de vie commune, car on doit dépasser la raison pure et dure et accepter qu'un ami s'inquiète, s'énerve, juge, ne comprenne pas puisque, avec un minimum de recul, j'agis de la même façon. Ce n'enlève rien à la blessure, au mal qui peut être ressenti, mais c'est peut-être une preuve d'amour quelque part. Rien n'est jamais aussi complexe que les relations humaines car il y règne une incompréhension bordélique sans bornes.

Alors, amis de tout bord, je suis déçue mais je vous aime.

Et pour ne pas finir sur une note trop "bisounours", tout le monde à une capacité de déception assez développée, sauf que les autres, je m'en fous. Vous pouvez y aller au marteau-piqueur, j'ai encore de la marge :)

jeudi 20 mai 2010

Day 97

Bon je suis de mauvaise humeur donc on fera court.

Bientôt 100 jours de sevrage et c'est long. Écrits du concours ratés à quelques dixièmes de points , ce qui m'a un peu blasé, et même si je le repasse en septembre, je rage.

Ruminations diverses et nombreuses, inactivité, décalage horaire, trop de cigarettes, trop de thé, et un gros raz-le-bol des médocs. Est-ce que si je les avais pas pris j'aurais passé ce concours ? Si j'étais pas en sevrage, je l'aurais réussi ? Ou je me trouve des excuses ?
Je sais plus trop, va me falloir le temps de digérer tout ça, ainsi que cette année 2009/2010 euh, comment dire, riche en rebondissements? Oui, restons positifs, ne disons pas riche en emmerdements ;)
Bah non justement. J'ai pas envie d'être positive. Ce qui m'amène au truc que je voulais dire, plus à moi même qu'à vous d'ailleurs : "J'ai le droit d'aller mal !".

Non mais c'est vrai quoi, faut vraiment toujours sourire, avoir la pêche et le dynamisme au coin des lèvres jusqu'à s'en décrocher la mâchoire ? Faut pas avoir envie d'envoyer chier la Terre entière simplement parce qu'elle existe ? Ni les gens qu'on aime parce qu'on les aime et qu'ils ont rien fait pour mériter ça ? Ni pleurer au fond de son lit en se noyant dans son vomi, parce que ouais, c'est pas très constructif, mais ça soulage ? Ou d'avoir juste envie de rien foutre en regardant le plafond parce qu'il est vraiment très intéressant ?

Si! Je revendique mon droit à ne pas aller bien, à faire la gueule, à craquer, et à gueuler. Y en a marre de toujours vouloir ou devoir (se) prouver qu'il y a plus grave, que c'est pas "la fin du monde" (le prochain qui me sort ça, je lui ampute la langue, il est prévenu...), que ça va s'arranger.

Non, faut donner l'apparence "que". Faut donner le change, rester dans son rôle, surtout pas faire tomber le masque de l'attitude """"""""adulte et responsable""""""".
Biens heureux, béats, optimistes irréductibles, foutez moi donc la paix un peu, laissez moi être puérile et nulle, injuste et égoïste, et laissez mes souffrances tranquilles. Elles ne vous ont rien demandé.

Elles ont aussi besoin de s'exprimer, de sortir et de pas être gentilles. Elles ont aussi le droit de prendre le dessus parfois sans que je sois cataloguée comme déprimée ou que je passe du côté obscure de la force éternellement. Voilà, c'était le coup de gueule de la nuit.

Bon hormis ça, le sevrage se passe. Même bien dans l'ensemble. Il finit par faire parti de mon quotidien petit à petit, j'ai diminué de 4 gouttes cette semaine et pas de symptômes si ce n'est encore et toujours ces foutues insomnies (que je ne fais, faut bien le dire, rien pour arranger).

Et puis pour terminer, une chanson triste, na!

vendredi 7 mai 2010

Hypnose Ericksonienne

Bon puisque j'y suis j'enchaîne sur un second article, celui promis depuis longtemps.

J'avais évoqué ma thérapie par l'hypnose Ericksonienne, la seule qui ne m'ait jamais aidé réellement au niveau psychologique, et j'avais envie d'expliquer un peu en quoi cela consiste.

D'abord, un peu d'histoire. Milton Hyland Erickson était un psychiatre américain du début du 20ème siècle. Il a une approche très différente de l'inconscient que celle développée par la psychanalyse dite plus classique,  celle de Freud notamment. Freud considérait l'inconscient comme une sorte de censure du conscient, un refoulement (des désirs interdits, des pulsions, etc.). Il a un rôle relativement violent face à la conscience puisqu'il s'y oppose.

Il utilisait au début l'hypnose par la suggestion puis par la régression, afin de faire remonter à la surfaces  les souvenirs oubliés (refoulés). Ces suggestions sont directes, le patient est passif dans l'hypnose, et "obéit" aux ordres de celui qui hypnotise. (Je vulgarise hein :) )

Alors attention cependant! Même si ces suggestions sont directes, il faut absolument se débarrasser des idées préconçues sur l'hypnose. Quelle que soit la forme que prend celle-ci, elle n'a rien de surnaturelle. Le patient ne peut JAMAIS, et j'insiste, être contrôlé comme un zombie. L'hypnose est un état de conscience modifiée , différent cependant du sommeil. On ne dort pas en étant hypnotisé. Cet état nous arrive d'ailleurs à tous parfois, quand on laisse divaguer son esprit dans une conversation chiante par exemple, en écoutant une chanson ou lorsque, juste avant de s'endormir, on se retrouve entre conscient et inconscient. C'est une sorte de déconnexion provisoire de la réalité qui ne veut pas dire qu'on s'en coupe complètement. C'est impossible. Ça, c'est dit et important.

Revenons en  à l'hypnose Ericksonienne. Elle se différencie de l'hypnose Freudienne (et des multitudes d'autres hypnoses) sur différents points.

Premièrement, Erickson garde l'idée que l'hypnose, par notre modification d'état de conscience, permet un dialogue entre le conscient et l'inconscient. Cependant, l'inconscient n'est pas ici un "ennemi" mais un allié de la conscience. La conscience, en dialoguant avec l'inconscient, permet d'arriver à un équilibre entre les deux, à une sorte de relation de confiance, la conscience exprimant ce qu'elle souhaite vivre, subir, être, ou non. Ce n'est donc plus l'inconscient qui domine la conscience puisque celui-ci n'est pas considéré comme négatif.

Puis il refutait l'aspect dogmatique de la psychanalyse, et donc de l'hypnose. Pour Erickson, il n'y avait pas de schémas généraux qui puissent rendre compte de la multiplicité des personnalités, et donc c'est à l'hypnothérapeute de s'adapter à chaque patient. De le comprendre, donc, dans un premier temps, afin d'ajuster sa manière d'hypnotiser dans un second temps. Pour que l'hypnose soit efficace, il faut donc impérativement une relation de confiance entre celui qui hypnotise et celui qui est hypnotisé. C'est, selon moi, la base. Trouver le ou la bon(ne) hypnothérapeute.

L'hypnose Ericksonienne refuse ensuite la passivité du patient. L'hypnotisé est actif dans son hypnose, il peut dire "stop" à tout moment, partir, sortir de son état de conscience modifiée. Il effectue lui-même le lien entre son conscient et son inconscient et l'hypnothérapeute n'utilise jamais d'ordres (de suggestions directes) pour le faire entrer dans la phase modifiée de conscience. Il le place en général dans une attitude de relaxation, de détente, dans un contexte favorable pour accéder à cet état, et parle. Les mots ont peu d'importance par ailleurs, il s'agit simplement de lâcher prise et de se laisser porter dans ses "divagations". Certains mots font échos, d'autres non, l'hypnothérapeute teste différentes approches mais n'impose rien. L'hypnothérapeute est une sorte de médiateur dans ce dialogue intérieur.

Enfin cette thérapie par l'hypnose se caractérise par sa brièveté. Contrairement à la psychanalyse qui peut durer des années, ici il est question d'une dizaine de séances. Éventuellement renouvelables si un obstacle ne semble pas résolu, si une opposition entre conscient et inconscient se fait sentir, mais c'est une thérapie dite brève.


Concernant mon expérience avec cette forme d'hypnose, je dois dire que j'ai été bluffée. J'avais du mal à y croire au départ, je m'y suis tournée en dernier recours faute de médecins ou psychiatres compétents.

J'ai eu dès le début la capacité à entrer dans une phase d'hypnose profonde, c'est à dire avoir vraiment l'impression de dormir, mais lorsque mon hypnothérapeute commence le décompte pour sortir de l'état de conscience modifiée, je me "réveille" instantanément. Généralement, j'ai des souvenirs précis de ce qui se passe durant mes séances, de ce que j'imagine, je vois, je perçois, etc. Et très souvent, ce n'est absolument pas lié aux soucis (angoisses, cauchemars...) que j'ai mais à des images agréables : flotter dans l'espace, nager, voler, etc. Comme un allégement du corps.

J'en sors toujours épuisée (mes séances durent de une heure à une heure et demi, environ une heure de discussion suivi d'une demi-heure d'hypnose) et je dors ensuite le soir profondément. Et là, je sens littéralement mon inconscient travailler. Par mes rêves notamment. Puis le "problème" traité par l'hypnose disparait, comme une réelle réconciliation du conscient et de l'inconscient.

C'est une expérience assez étrange, je le concède, tant par cet accès à cet aspect modifié de conscience que par la prise de conscience, justement, de la présence et du travail de l'inconscient. Assez perturbante au départ. Mais pour moi les bénéfices ont été tellement énormes (une réelle acceptation du passé, retrouver une paix intérieure, être en phase avec soi, savoir ce que l'on veut ou non, ce qui est bon ou pas pour soi...) que je conseille ne serait-ce que d'essayer.



Cf. : Annuaire hypnotherapeutes - Institut Français Hypnose Ericksonienne 

Day 84 - Sevrage commencé!



Un mois sans nouvelle, un peu long, mais j'étais en pleine préparation de concours et en phase de stabilisation.

Je me lance d'ailleurs des fleurs, parce que même si je n'ai pas ce fichu concours et malgré les médicaments, j'ai rien lâché, j'ai réussi à bosser comme une dingue sans rien changer au protocole de sevrage. La phase de stabilisation est évidemment la plus facile puisqu'elle consiste à rester aux mêmes doses durant 4 semaines, le corps est donc habitué. 

Ensuite, j'ai vraiment vu ma mémoire s'améliorer. Je pense que c'est du à deux choses. Premièrement, le changement de molécule, puisque le Temesta est probablement la pire qui soit, et que le Lysanxia me donne beaucoup moins d'effets secondaires. Deuxièmement, parce que la mémoire se travaille. Je tiens donc à dire que j'emmerde d'une force incommensurable ces psychiatres qui m'avaient affirmé que j'avais perdu mes capacités, probablement sans pouvoir revenir à mon niveau "normal", ou du moins pas avant quelques années... C'est faux et archi-faux!!! 
Le cerveau se stimule, comme n'importe quel muscle, et les récentes études tentent à montrer que les connexions entre les neurones continuent à s'effectuer en dépit des médicaments (qui en gros, se fixent sur les récepteurs). La seule chose qui importe c'est donc de la faire travailler. Médicaments ou non. Et croyez moi, j'ai testé pendant des semaines!

Ensuite j'ai commencé mon sevrage lundi comme prévu. Au niveau des doses j'en étais, durant la phase de stabilisation à  26 gouttes le matin - 26 gouttes le midi - 30 gouttes le soir, soit 82 en tout. 
Le protocole de sevrage que je suis préconise une baisse de 10% des doses prises toutes les une à deux semaines, soit dans mon cas environ 8, puis 7, puis 6, etc. Il est cependant bien précisé que cela doit être adapté à chaque cas et que seuls les patients savent gérer les doses de diminution. J'ai donc commencé avec une baisse de 6 gouttes soit: 23 gouttes le matin - 23 gouttes le midi - 30 gouttes le soir.

Bon j'ai p'tet débuté un peu fort, parce que c'est pas la super forme. La journée, ça va, pas de crises d'angoisses, ni de symptômes de manque, le souci est la nuit. Difficultés à m'endormir, cauchemars, transpiration excessive, sommeil agité. Et le matin, un léger manque. Le changement de rythme de vie soudain par rapport aux dernières semaines n'aide sûrement pas (décalage de mes heures de sommeil, travail moins intense, stress dans l'attente des résultats...) mais je pense aussi que j'ai voulu aller trop vite, pressée comme d'hab' de m'en débarrasser rapidement!
Donc je vais attendre que mon corps s'apaise, prendre de nouveau rendez-vous avec mon hypnothérapeute, et ensuite faire une diminution de 4 gouttes à la fois. Je suppose qu'il faut que je trouve le bon rythme, ce qui n'est jamais évident au départ.

Enfin, en tout cas, là encore, contrairement aux idées reçues, un programme de sevrage lent est tout à fait tenable et viable donc courage à tous! Testé et approuvé :)

vendredi 9 avril 2010

Day 56

Longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles, mais un peu débordée en ce moment. Concours J-18, vie personnelle mouvementée, je n'aurais pas pu trouver pire moment pour un sevrage mais c'est comme ça.

J'ai balancé mes Temesta à la poubelle hier, enfin. Il m'en reste une boîte cachée, car la dépendance est aussi psychologique et la savoir pas loin me rassure. Mais le plus gros du ménage est fait dans les médocs, et ça fait un sacré soulagement.

Au niveau de ma substitution, je me stabilise. Mon corps semble maintenant habitué, et je ne le maltraite pas trop. Cependant, et même si ce n'est pas ce qui est conseillé dans le processus, je continue de supprimer des gouttes très progressivement puisque cela ne semble pas m'affecter. J'en suis donc aujourd'hui à 27 gouttes le matin, 26 le midi et 32 le soir. 85 en tout soit 5 de moins que dans mes prévisions. J'aimerais être à 80 gouttes quand je commencerai le sevrage proprement dit. La date est fixée par ailleurs : lundi 3 mai.

J'appréhende un peu mais pour le moment les choses ont été moins difficiles que ce que j'imaginais, ma volonté reste intacte, je n'ai plus d'attaques de panique. Je suppose que donc en y allant très progressivement d'ici 6 mois à 1 an j'en serais définitivement débarrassée.

Ça me semble si loin, mais patience. C'est une des rares choses que j'ai appris ces derniers temps, le temps est parfois la seule et la meilleure solution.

dimanche 28 mars 2010

Day 44

 
Depuis hier, plus de Temesta, terminé, fini, hop. Substitution réglée. 

Enfin réglée... J'attends encore quelques jours pour voir ce que ça va donner, en espérant que les effets secondaires ne soient pas trop violents. J'ai cinq semaine maintenant pour me stabiliser à ces doses (et concours J-4 semaines!!!), pour que mon corps s'habitue avant de commencer le sevrage proprement dit. Même si je diminuerai surement quelques gouttes entre deux, mais tout doucement.

Niveau sommeil, ça va mieux, malgré ce changement d'heure à la con, et une heure de sommeil en moins! Pas mal sédatée la journée, et pas forcément un sommeil réparateur mais ça s'améliore. J'ai finalement opté pour le Stilnox (benzodiazépine hypnotique) après une longue réflexion, pour m'aider quelques jours à m'endormir, mais je ne compte pas en prendre régulièrement, trop peur de m'y habituer. J'ai aussi vu ma psychothérapeute pour une séance d'hypnose (un article là-dessus est en cours quand j'aurais le temps) qui m'aide pas mal à diminuer le stress et à m'aider à dormir plus profondément.

Au niveau des effets secondaires, j'alterne. Après les maux de ventre la semaine dernière, c'est  la tête et les yeux qui prennent là, mais tout à fait supportables.

Et puis même si le travail et les révisions me prennent pas mal de temps, j'ai eu le temps d'aller voir la mer hier et ça, c'est le meilleur remède du monde pour moi. Le bruit du flux et du reflux, l'odeur de la marée, l'embrun qui frappe le visage et une immensité rassurante. Quelques images valent mieux qu'un long discours d'aiileurs...







































lundi 22 mars 2010

Day 38

La dernière substitution de jeudi dernier se passe plutôt mal, comparées aux précédentes. J'ai remplacée 0.5mg de Temesta par 15 gouttes de Lysanxia le midi ce qui fait que j'en suis actuellement à : 0.5mg de Temesta le matin + 15 gouttes de Lysanxia, 30 gouttes de Lysanxia le midi et 33 gouttes de Lysanxia le soir, toujours en deux prises.

Je souffre d'insomnies qui ne s'arrangent absolument pas, voire s'aggravent, puisque je dois m'endormir entre 3 heures et 6 heures du matin pour dormir environ 5 à 6 heures par nuit. Ça dépend des jours, mais des jours comme aujourd'hui, je suis un zombi, incapable de rien faire, et donc travailler, excepté dormir.

Voyant que mon concours approche à grand pas, j'hésite à reprendre un médicament pour dormir, le Stilnox, en sachant que bien évidemment j'ai essayé toutes les méthodes douces possibles pour dormir.
Ce médicament n'est pas réellement un somnifère, puisqu'il a une durée de vie courte (environ 2 heures) et aide à l'endormissement, et non à dormir. Il est prescrit dans les cas d'insomnie (oui, j'ai une véritable pharmacie chez moi!) mais le problème est qu'il reste un dérivé des benzodiazépines, avec un risque d'accoutumance évident. C'est quand même pas un truc anodin, c'est visiblement ce qu'emploie l'armée américaine pour faire dormir ces soldats après une mission... Je vais donc y réfléchir.

D'autre part, je souffre de brûlures d'estomac et d'œsophage importantes, de nausées, qui, elles aussi, deviennent pires avec le temps. Bon là, y a des médicaments efficaces et pas trop "dangereux" mais ça reste handicapant. Cela dit, ça semble être un des effets courants :

"Les problèmes digestifs. Il y a des personnes qui ne ressentent aucun problème digestif pendant ou après le sevrage il arrive aussi qu'elles puissent mieux goûter leur nourriture. D'autres, peut-être plus sujettes par nature, se plaignent d'une série de symptômes associés au "syndrome des troubles digestifs". Ceux-ci peuvent comprendre la nausée, les vomissements, la diarrhée, la constipation, les douleurs abdominales, la flatulence, les distensions gazeuses et les brûlures d'estomac. Plusieurs patients ont trouvé ces symptômes tellement inconfortables qu'ils en ont éprouvé le besoin d'avoir recours à des examens gastro-intestinaux au cours desquels aucune anomalie n'a été décelée. Les symptômes peuvent être dus en partie à une réaction excessive du système nerveux autonome lequel contrôle la mobilité et les sécrétions intestinales qui sont très sensibles au stress y compris le stress encouru lors du sevrage d'une benzodiazépine. De plus, il y a des récepteurs de benzodiazépines dans les intestins. On ne connaît pas encore tout à fait la nature et la fonction de ces récepteurs, la façon dont ils sont affectés par les benzodiazépines ou par le sevrage de ces dernières, mais d'éventuelles altérations à leur niveau peuvent jouer un rôle dans le développement de l'irritabilité intestinale."
Source : Manuel Ashton

Je pense que le stress du concours et de ma vie actuelle n'aide pas spécialement à être dans une période propice à la substitution, mais je n'abandonne pas, malgré un gros coup au moral aujourd'hui, aggravé par le manque de sommeil. Je me renseigne aussi sur des possibilités d'atténuer les effets secondaires, et sur les effets liés aux derniers phases de substitution. Faut rien lâcher, mais bordel, c'est dur!

samedi 20 mars 2010

"La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute."




Il a des gens qu’on a envie de remercier pour leur soutien, pour leur amour, leur tendresse, et puis il y a  ceux qu’on ne peut remercier vraiment, parce qu’ils sont loin, inaccessibles, ou morts, ce qui, finalement, revient un peu au même...

Mon merci du jour, ou de la nuit plutôt, serait envers Monsieur Pierre Desproges. De quoi flipper, écrire sur Pierre Desproges, c’est comme chanter du Brel, ce sera forcément pâle, banal, voire, lamentable. Et puis tout a été déjà été dit, avec un nombre d’adjectifs qualificatifs inquantifiables. Renaud l’écrit lui-même dans son hommage : « […] j’éprouve, disais-je, l’inconfortable sentiment d’avoir fait preuve d’une audace à la limite de la prétention en ayant accepté de confier à ma frêle et malhabile plume de rendre à la sienne, flamboyante et acidulée, l’hommage qu’elle mérite, si je veux je fais des phrases encore plus longues…
Une bien longue introduction aussi pour dire, que, bref, rien à foutre, je me lance.

Monsieur Desproges me sauve souvent (et je ne suis pas la seule, je pense à toi qui le lit aussi) de ses nuits sans sommeil, de ces moments avec l’envie de se foutre en l’air, et tout le reste avec par la même occasion. Dans ces moments au fond du trou, il est là, drôle, mordant, avec une envie de vivre qui vous prend aux tripes. Oui Desproges rit de la mort, il lui rit au nez même, l’envoyant se faire voir tout en sachant qu’elle rôde là, tout près. Il aime l’humanité, et pourtant garde cette lucidité et cette intelligence, pour tomber dans un désarroi touchant, dans un dépit teinté d’espoir. C’est même pas moi qui le dis, c’est lui…

"J’aime beaucoup l’humanité.
Je ne parle pas du bulletin de l’Amicale de la lutte finale et de ses casquettes Ricard réunies.
Je veux dire le genre humain.
Avec ces faiblesses, sa force, son inépuisable volonté de dépasser les Dieux, ses craintes obscures des Ténèbres, sa peur païenne de la mort, sa tranquille résignation devant le péage de l’autoroute A6 dimanche dernier à 18 heures."

Lire Desproges, c’est comme une baffe dans la gueule, ça remet les idées en place en un rien de temps. Une bonne cuite aussi, mais c’est moins sain. C’est un guide pour garder sa conscience en éveil, pour ne pas tomber dans ces lieux communs, pour éloigner la facilité et la bêtise. Une sorte de gri-gri anti-connerie. A lire, et à relire, surtout, pour ne pas se laisser manger par son petit soi mesquin qui guette, là-bas, le moindre moment de faiblesse pour se laisser aller à la bassesse de nos sentiments et de nos instincts.

Monsieur Desproges, tu me manques, et je ne t’ai même pas connu. J’aimerais, parfois, en ouvrant ton intégrale, découvrir de nouvelles définitions à l’usage de l’élite des biens nantis, ou simplement une petite chronique de la haine ordinaire. Un rêve un peu idiot, en somme, mais qui ferait sûrement bien marrer. Et finalement, c’est surtout pour ça que je te remercie. Me faire éclater de rire, toute seule, dans mon lit, sur la cruauté et l’absurdité de notre monde.


* Musique Come di de Paolo Conte, introduction aux Chroniques de la haine ordinaire, parce que "Voici une émission de radiophonie rien que pour abimer une belle chanson de Paolo Conte en la coupant en deux. Ca s'appelle : Les Chroniques de la haine ordinaire."

dimanche 14 mars 2010

Day 30

Bon voilà, mon premier mois de substitution s'est écoulé, donc premier bilan.

Dans l'ensemble, c'est moins pénible que ce que j'imaginais, et le chemin parcouru est déjà pas si mal. Il y a évidemment des moments plus durs que d'autres, de la fatigue surtout (mais pas uniquement liée à ça) et encore quelques effets secondaires gênants : toujours du mal à dormir, mal à la tête, étourdissements.

En revanche, j'ai l'impression que d'autres effets sont bien plus positifs. Je suis plus confiante, j'ai l'impression que ma mémoire s'améliore, et je retrouve mes émotions. Comme si je m'éveillais doucement.
C'est probablement aussi psychologique, savoir que le sevrage est en cours, que je ne suis plus destinée à prendre des médicaments éternellement. Sûrement du aussi à ce blog qui me permet de voir les progrès et les avancées régulières.

Pour la suite des évènements je vais ralentir un peu le processus jusqu'à mon concours fin avril. D'ici quinze jours j'aurais fini ma substitution, je ne serais donc plus que sous Lysanxia, byebye Temesta. Je sais pas encore si je ferais un feu de joie pour me débarrasser de ceux qu'il me reste mais je compte bien fêter ça!

Puis un mois de stabilisation (c'est à dire que je resterai aux mêmes doses) jusqu'à ce que je passe les écrits de mon concours afin de pouvoir rester concentrer et de ne pas trop me fatiguer. Puis le sevrage en lui-même commencera ensuite. Ça devrait être une baisse de 10% des doses toutes les deux semaines, j'ajusterai au moment venu.

A suivre donc.

jeudi 11 mars 2010

Libération




Voilà pour la suite de mon histoire, après la sortie de l'hôpital.

De retour chez moi, aussi démunie,  je ne sais pas si je vais mieux mais je me sens soulagée d'être partie, libérée. Je ne suis pas pour autant sortie de mes angoisses, bien au contraire. Je suis sous antidépresseurs et sous anxiolytiques, et je me sens salement démunie. J'ai toujours aussi peur de sortir, de voir des gens, de tout en fait. La moindre chose, me lever, manger, me laver est une épreuve. Je ne peux plus rien faire sans que ces attaques de panique me prennent aux tripes. Alors une nuit, je craque.

Je prends des médicaments bien plus que je n'aurais du. Je ne voulais pas mourir mais simplement que les angoisses s'arrêtent. Évidemment, difficile à expliquer, et encore plus d'être crue, même encore aujourd'hui. Mais peu importe. Me revoilà partie dans la danse du SAMU, urgences, psychiatres. Et envoyée dans un "centre d'accueil de crise". Tout blanc, tout calme, tout propre. Mais enfermée à nouveau.

Le plus dur est de voir derrière les vitres la ville, les gens, la vie. La vie normale. La vie sans peur. J'y reste quelques temps, une semaine je crois. Cependant je me sens apaisée pour la première fois. Je retrouve mon calme. Je suis triste de voir mes parents, mon ami venir me voir dans mon état mais je me sens protégée. Je lis beaucoup, je dors, je parle, un peu. Mais ce genre de centres n'accueillent que pour une durée très courte, et me voilà renvoyée chez moi, avec un espoir cependant. Une clinique privée qui serait très bien, et qui pourrait accueillir les personnes dans mon cas.

Le problème, comme toujours, est le manque de place, je dois encore attendre quelques semaines avant de pouvoir y être admise. Ne pouvant plus rester seule chez moi, je passe quelques semaines chez mes parents avant d’intégrer cette clinique. Les angoisses se calment chez eux, je me sens moins en insécurité, moins seule, je commence à reprendre espoir.

J’y rentre vers avril. J’y reste d’abord un week-end en hôpital complet (jour et nuit) puis je passe ensuite en hôpital de jour, c'est-à-dire que j’y suis de 9H00 à 18H00, avec un programme déterminé, et le soir, je rentre chez moi. La thérapie pratiquée là-bas est la thérapie cognitivo-comportementale, basée sur l’exposition aux peurs, sur la parole, sur la compréhension de l’angoisse. Pour la première fois depuis le début, on m’explique et le soulagement est immense. Enfin je comprends la réaction de mon corps.
Les crises d'angoisse ne sont pas graves, c'est juste une "sur réaction" du corps à un danger (qui, en l'occurrence, n'existe pas), avec une absorption élevée d'oxygène (hyperventilation) et qui entraîne un stress immense et des symptômes incontrôlables : accélération du rythme cardiaque, tremblement, évanouissements...

Je vois un psychologue régulièrement, il y a des thérapies de groupe, de la peinture, de l’écriture. C’est là aussi que j’ai eu mon traitement actuel. Qui m’a sauvé, et qui, à la fois, fait que je suis aujourd’hui obligée de me sevrer.


Quelque part, je ne regrette pas vraiment… J’en avais besoin à ce moment là, et quand je suis sortie de la clinique, deux mois après, je revivais. Je pouvais sortir seule, voir mes amis, profiter enfin d’une "liberté conditionnelle". Je suis en colère car ça aurait dû mieux se passer pour le suivi, pas juste me dire que j’allais mieux, que c’était réglé. Les médecins auraient du m’accompagner dans le sevrage au lieu de ne voir que la surface et me droguer par sécurité.

Mais malgré tout, et Nietzsche ne me contredirait pas, si je suis là debout, forte, apprenant à me connaître c’est parce que j’ai traversé tout cela. Il est parfois difficile d’être fort, de résister, de combattre, et mes crises me l’ont appris. Jamais d’explications, ou plutôt des centaines, m’ont été données sur les raisons de leur apparition soudaine. La mienne serait que, tout simplement, mon corps et mon esprit ont dit stop, m’ont forcé à m’arrêter de "vivre" pour me poser, pour regarder en moi, pour m'interroger, ouvrir les yeux. Prendre conscience de ce que je suis, arrêter de me mentir, grandir.

Un accouchement est toujours douloureux. L’accouchement de soi l’est de la même manière. Le mien est long, et loin d’être terminé. Les bases sont posées, les fondations de ce que je suis, ce que je veux, ce que vaux. L’estime, la confiance, l’amour, de soi. Connaître son mécanisme interne et le respecter. Laisser de côté les poids de la culpabilité, de la peur, de la méfiance, de tout ce qui nous encombre chaque jour. Les poser un par un pour se sentir un peu plus léger et avancer plus sereinement. Un combat ordinaire, en somme.

Les médicaments sont une des chaînes qui m’entravent, et je sais qu’il y en a encore beaucoup d’autres. La dépendance aux autres, le jugement, l’incapacité à lâcher prise, la peur de faire mal, de dire non…

Mais quel plaisir au final de se découvrir, de se connaître, de s’accepter. De pouvoir se dire que finalement nous existons, réellement. Que nous ne sommes pas juste une ombre qui traverserait la vie, cachée, apeurée, invisible. Je suis un corps, un esprit, je me sens au fond de mes tripes, des pieds à la tête, faite de sentiments, de sensations, de chair et de sang.  Je suis vivante. Et ça, même si ça fait mal parfois, ça n’a pas de prix.

dimanche 7 mars 2010

Day 23

Quelques petites nouvelles après une semaine haute en rebondissements, pas forcément des plus joyeux, et pas forcement sur lesquels j'ai envie de m'étendre ici, donc me voici de retour après trois semaines de substitution.

Ayant la crève et me sentant, suite à ces "rebondissements" pas spécialement forte pour tout assumer, j'attends lundi pour changer mes doses qui seront : 0.5mg de Temesta matin + 15 gouttes de Lysanxia - 0.5mg de Temesta midi + 15 gouttes de Lysanxia - 34 gouttes de Lysanxia le soir. Niveau effets secondaires pas grand chose de neuf, les insomnies vont et viennent, c'est le seul point notable, mais aucun symptôme de manque.

Bref plus qu'un comprimé de cette saleté de Temesta, même si c'est pas gagné, c'est une victoire et je les déguste toutes!


Dans la suite de mes aventures rocambolesque avec la médecine, me voici donc chez mon médecin traitant vendredi après-midi pour lui expliquer mon sevrage et lui demander un suivi au niveau des prescriptions.
Je lui explique donc la méthode de sevrage, lui apporte mon tableau avec les dosages, lui explique que j'ai vu cela avec une psychiatre qui m'a donné sa bénédiction... Bref, je fais le tour du problème en essayant d'être la plus claire possible.

Et là, s'en suit un dialogue surréaliste :

Lui : "Il est joli votre tableau"
Moi : "Euh... Merci. Donc?"
Lui : "Ha bah je peux rien faire. Je suis pas compétent pour ce genre de choses, on sait jamais ce qui peut arriver: des crises de démence, des suicides..."
Moi : "Nan mais je vais bien. Je veux juste me sevrer correctement sur quelques mois, j'ai commencé depuis 3 semaines [je lui explique mes symptômes] bref je vais bien quoi."
Lui : "Non désolé, je ne peux rien faire pour vous."
Moi (avec une tête complétement dépitée) : "Ok. Bon et pour mon ordonnance, parce que là il me faudrait du Lysanxia quand même."
Lui : "Pour ça pas de problème.Vous prenez combien? Bon allez, je vous mets 4 flacons, à renouveler une fois, comme ça vous êtes tranquille!"
Moi (avec une tête encore plus dépitée) : "Euh ok, je vois dois combien?"
Lui : "Non, non rien, c'est bon, allez, bon week-end!"

En gros, ce médecin (je sais même pas si on peut appeler ça comme ça) s'avoue incompétent pour gérer un sevrage, me parle 3 minutes et demi, ne prend ni ma tension, ni rien, ne me demande pas de carte vitale mais me prescrit une sur dose de médicaments. Je pensais avoir entendu toutes les conneries possibles, mais visiblement la bêtise humaine, bon ok, médicale humaine, à de beaux jours devant elle. C'est plutôt désespérant.