Janis chante Summertime, une retraite de quelques jours au calme et au soleil, barbecue et lecture, que demandez de plus? Ha oui, mettre son cerveau au frigo, à côté des bières.
Pourquoi faire mal aux gens, ou plus exactement comment en arrive-t-on là? Voilà ce qui me trotte dans la tête depuis plusieurs jours.
La plus évidente façon est de vouloir faire mal de manière intentionnelle. La plus évidente mais pas forcément la plus simple. Parce que faire mal implique de savoir où "taper" pour que ça percute, avoir une prise, une plaie dans laquelle s'immiscer. Et puis, au fond, pourquoi le faire? Qu'est ce qui nous motive à vouloir blesser? Un instinct primaire de vengeance, de justice par soi-même, le bon vieux "œil pour œil, dent pour dent"? Probablement, la volonté de se défouler aussi. De ne plus subir, de trouver un sentiment d'égalité ou au moins une satisfaction d'exister, parce que faire mal, c'est faire réagir.
Mano Solo chantait : "Si tu m'avais demandé, moi j't'aurais dit que dans la vie, c'qui compte c'est pas l'issue mais c'est le combat, c'est le combat, qu'il faut rendre ce que tu reçois, les mauvais coups comme les plus bas parce que rien que la beauté du geste te donne raison sur ce que tu détestes."
Oui, je pensais aussi, et je le penserai encore surement. Parce que courber l'échine, fermer les yeux et sa gueule, ça va un moment jusqu'à ce qu'on craque. Bon, cela dit, c'est souvent tellement futile qu'on se sent juste très con avec sa colère et sa haine, qu'on a déversé, mais on s'en rend compte toujours trop tard. Une fois que c'est fait et qu'on a fini par se faire plus mal aux poings qu'au mur en face.
Le plus couramment, on fait mal sans s'en rendre compte, sans mesurer l'impact d'un mot ou d'un geste. Et là c'est l'effet inverse. Trouver la faille et y appuyer sans le vouloir. Là aussi on se sent con, mais en plus, on culpabilise.
Qu'est ce que j'aurais pu, du, faire pour que les choses soient différentes? Est-ce que j'aurais pu éviter de faire mal? Comment et surtout, à quel prix? Qu'est ce que je peux faire maintenant? Est-ce que je peux réparer? Oui, mais si je répare est ce que je ne fais pas pire que mieux? Et quelle est finalement notre part de responsabilité dans tout ça?
Est-ce que faire mal non intentionnellement parce qu'on ne comprend pas l'autre ou qu'on ne peut lui donner ce qu'il attend fait de nous de vilains méchants? Jusqu'au où doit-on protéger l'autre? Quel est notre rôle là-dedans? Oui, beaucoup de points d'interrogation, mais j'ai beau retourner ça dans tous les sens, je ne trouve que trop peu de réponses.
Ce qui nous amène au "mal nécessaire". Celui qu'on fait pour ne pas mentir. Celui-là est le plus pernicieux, excuse valable à tous les coups.
- "Et pour la petite dame, qu'est ce que ce sera?'
- "Oh bah une douzaine de "Je te blesse mais c'est pour ton bien, tu comprends?""
- "C'est parti"
Sauf que là c'est le comble de l'hypocrisie. On en fait pas un mal nécessaire pour être honnête mais pour se protéger et jusque parce que, égoïstement, on a décidé que soi était plus important que l'autre. Bien sûr, c'est recevable. Parce qu'on va pas non plus régir sa vie en fonction du mal que l'on fait et que des choix doivent s'imposer parce que son bonheur passe avant tout, ou du moins, le sentiment que l'on sera plus heureux comme ça.
On peut réparer ça? Non. On choisit, on assume, mais on ne peut être à la fois bourreau et infirmier, porter les coups et les caresses qui apaisent. On se plante devant sa glace, on se dit qu'on est dégueulasse mais que c'est mieux, pour NOUS, comme ça et on ferme sa gueule. Parce que pour l'autre, c'est pas mieux comme ça, pour lui, ça changera rien, il souffrira quand même. Et notre petite souffrance coupable, notre souffrance du renoncement, notre souffrance de voir souffrir, à côté, c'est rien.
La seule chose qui reste à faire? S'excuser. Juste s'excuser. Sincèrement. Ça ne soignera rien, ça n'apaisera ni l'autre, ni soi, mais j'ai pas trouvé mieux. Donc je vous présente mes excuses, à ceux qui se reconnaitront.