dimanche 28 mars 2010

Day 44

 
Depuis hier, plus de Temesta, terminé, fini, hop. Substitution réglée. 

Enfin réglée... J'attends encore quelques jours pour voir ce que ça va donner, en espérant que les effets secondaires ne soient pas trop violents. J'ai cinq semaine maintenant pour me stabiliser à ces doses (et concours J-4 semaines!!!), pour que mon corps s'habitue avant de commencer le sevrage proprement dit. Même si je diminuerai surement quelques gouttes entre deux, mais tout doucement.

Niveau sommeil, ça va mieux, malgré ce changement d'heure à la con, et une heure de sommeil en moins! Pas mal sédatée la journée, et pas forcément un sommeil réparateur mais ça s'améliore. J'ai finalement opté pour le Stilnox (benzodiazépine hypnotique) après une longue réflexion, pour m'aider quelques jours à m'endormir, mais je ne compte pas en prendre régulièrement, trop peur de m'y habituer. J'ai aussi vu ma psychothérapeute pour une séance d'hypnose (un article là-dessus est en cours quand j'aurais le temps) qui m'aide pas mal à diminuer le stress et à m'aider à dormir plus profondément.

Au niveau des effets secondaires, j'alterne. Après les maux de ventre la semaine dernière, c'est  la tête et les yeux qui prennent là, mais tout à fait supportables.

Et puis même si le travail et les révisions me prennent pas mal de temps, j'ai eu le temps d'aller voir la mer hier et ça, c'est le meilleur remède du monde pour moi. Le bruit du flux et du reflux, l'odeur de la marée, l'embrun qui frappe le visage et une immensité rassurante. Quelques images valent mieux qu'un long discours d'aiileurs...







































lundi 22 mars 2010

Day 38

La dernière substitution de jeudi dernier se passe plutôt mal, comparées aux précédentes. J'ai remplacée 0.5mg de Temesta par 15 gouttes de Lysanxia le midi ce qui fait que j'en suis actuellement à : 0.5mg de Temesta le matin + 15 gouttes de Lysanxia, 30 gouttes de Lysanxia le midi et 33 gouttes de Lysanxia le soir, toujours en deux prises.

Je souffre d'insomnies qui ne s'arrangent absolument pas, voire s'aggravent, puisque je dois m'endormir entre 3 heures et 6 heures du matin pour dormir environ 5 à 6 heures par nuit. Ça dépend des jours, mais des jours comme aujourd'hui, je suis un zombi, incapable de rien faire, et donc travailler, excepté dormir.

Voyant que mon concours approche à grand pas, j'hésite à reprendre un médicament pour dormir, le Stilnox, en sachant que bien évidemment j'ai essayé toutes les méthodes douces possibles pour dormir.
Ce médicament n'est pas réellement un somnifère, puisqu'il a une durée de vie courte (environ 2 heures) et aide à l'endormissement, et non à dormir. Il est prescrit dans les cas d'insomnie (oui, j'ai une véritable pharmacie chez moi!) mais le problème est qu'il reste un dérivé des benzodiazépines, avec un risque d'accoutumance évident. C'est quand même pas un truc anodin, c'est visiblement ce qu'emploie l'armée américaine pour faire dormir ces soldats après une mission... Je vais donc y réfléchir.

D'autre part, je souffre de brûlures d'estomac et d'œsophage importantes, de nausées, qui, elles aussi, deviennent pires avec le temps. Bon là, y a des médicaments efficaces et pas trop "dangereux" mais ça reste handicapant. Cela dit, ça semble être un des effets courants :

"Les problèmes digestifs. Il y a des personnes qui ne ressentent aucun problème digestif pendant ou après le sevrage il arrive aussi qu'elles puissent mieux goûter leur nourriture. D'autres, peut-être plus sujettes par nature, se plaignent d'une série de symptômes associés au "syndrome des troubles digestifs". Ceux-ci peuvent comprendre la nausée, les vomissements, la diarrhée, la constipation, les douleurs abdominales, la flatulence, les distensions gazeuses et les brûlures d'estomac. Plusieurs patients ont trouvé ces symptômes tellement inconfortables qu'ils en ont éprouvé le besoin d'avoir recours à des examens gastro-intestinaux au cours desquels aucune anomalie n'a été décelée. Les symptômes peuvent être dus en partie à une réaction excessive du système nerveux autonome lequel contrôle la mobilité et les sécrétions intestinales qui sont très sensibles au stress y compris le stress encouru lors du sevrage d'une benzodiazépine. De plus, il y a des récepteurs de benzodiazépines dans les intestins. On ne connaît pas encore tout à fait la nature et la fonction de ces récepteurs, la façon dont ils sont affectés par les benzodiazépines ou par le sevrage de ces dernières, mais d'éventuelles altérations à leur niveau peuvent jouer un rôle dans le développement de l'irritabilité intestinale."
Source : Manuel Ashton

Je pense que le stress du concours et de ma vie actuelle n'aide pas spécialement à être dans une période propice à la substitution, mais je n'abandonne pas, malgré un gros coup au moral aujourd'hui, aggravé par le manque de sommeil. Je me renseigne aussi sur des possibilités d'atténuer les effets secondaires, et sur les effets liés aux derniers phases de substitution. Faut rien lâcher, mais bordel, c'est dur!

samedi 20 mars 2010

"La seule certitude que j’ai, c’est d’être dans le doute."




Il a des gens qu’on a envie de remercier pour leur soutien, pour leur amour, leur tendresse, et puis il y a  ceux qu’on ne peut remercier vraiment, parce qu’ils sont loin, inaccessibles, ou morts, ce qui, finalement, revient un peu au même...

Mon merci du jour, ou de la nuit plutôt, serait envers Monsieur Pierre Desproges. De quoi flipper, écrire sur Pierre Desproges, c’est comme chanter du Brel, ce sera forcément pâle, banal, voire, lamentable. Et puis tout a été déjà été dit, avec un nombre d’adjectifs qualificatifs inquantifiables. Renaud l’écrit lui-même dans son hommage : « […] j’éprouve, disais-je, l’inconfortable sentiment d’avoir fait preuve d’une audace à la limite de la prétention en ayant accepté de confier à ma frêle et malhabile plume de rendre à la sienne, flamboyante et acidulée, l’hommage qu’elle mérite, si je veux je fais des phrases encore plus longues…
Une bien longue introduction aussi pour dire, que, bref, rien à foutre, je me lance.

Monsieur Desproges me sauve souvent (et je ne suis pas la seule, je pense à toi qui le lit aussi) de ses nuits sans sommeil, de ces moments avec l’envie de se foutre en l’air, et tout le reste avec par la même occasion. Dans ces moments au fond du trou, il est là, drôle, mordant, avec une envie de vivre qui vous prend aux tripes. Oui Desproges rit de la mort, il lui rit au nez même, l’envoyant se faire voir tout en sachant qu’elle rôde là, tout près. Il aime l’humanité, et pourtant garde cette lucidité et cette intelligence, pour tomber dans un désarroi touchant, dans un dépit teinté d’espoir. C’est même pas moi qui le dis, c’est lui…

"J’aime beaucoup l’humanité.
Je ne parle pas du bulletin de l’Amicale de la lutte finale et de ses casquettes Ricard réunies.
Je veux dire le genre humain.
Avec ces faiblesses, sa force, son inépuisable volonté de dépasser les Dieux, ses craintes obscures des Ténèbres, sa peur païenne de la mort, sa tranquille résignation devant le péage de l’autoroute A6 dimanche dernier à 18 heures."

Lire Desproges, c’est comme une baffe dans la gueule, ça remet les idées en place en un rien de temps. Une bonne cuite aussi, mais c’est moins sain. C’est un guide pour garder sa conscience en éveil, pour ne pas tomber dans ces lieux communs, pour éloigner la facilité et la bêtise. Une sorte de gri-gri anti-connerie. A lire, et à relire, surtout, pour ne pas se laisser manger par son petit soi mesquin qui guette, là-bas, le moindre moment de faiblesse pour se laisser aller à la bassesse de nos sentiments et de nos instincts.

Monsieur Desproges, tu me manques, et je ne t’ai même pas connu. J’aimerais, parfois, en ouvrant ton intégrale, découvrir de nouvelles définitions à l’usage de l’élite des biens nantis, ou simplement une petite chronique de la haine ordinaire. Un rêve un peu idiot, en somme, mais qui ferait sûrement bien marrer. Et finalement, c’est surtout pour ça que je te remercie. Me faire éclater de rire, toute seule, dans mon lit, sur la cruauté et l’absurdité de notre monde.


* Musique Come di de Paolo Conte, introduction aux Chroniques de la haine ordinaire, parce que "Voici une émission de radiophonie rien que pour abimer une belle chanson de Paolo Conte en la coupant en deux. Ca s'appelle : Les Chroniques de la haine ordinaire."

dimanche 14 mars 2010

Day 30

Bon voilà, mon premier mois de substitution s'est écoulé, donc premier bilan.

Dans l'ensemble, c'est moins pénible que ce que j'imaginais, et le chemin parcouru est déjà pas si mal. Il y a évidemment des moments plus durs que d'autres, de la fatigue surtout (mais pas uniquement liée à ça) et encore quelques effets secondaires gênants : toujours du mal à dormir, mal à la tête, étourdissements.

En revanche, j'ai l'impression que d'autres effets sont bien plus positifs. Je suis plus confiante, j'ai l'impression que ma mémoire s'améliore, et je retrouve mes émotions. Comme si je m'éveillais doucement.
C'est probablement aussi psychologique, savoir que le sevrage est en cours, que je ne suis plus destinée à prendre des médicaments éternellement. Sûrement du aussi à ce blog qui me permet de voir les progrès et les avancées régulières.

Pour la suite des évènements je vais ralentir un peu le processus jusqu'à mon concours fin avril. D'ici quinze jours j'aurais fini ma substitution, je ne serais donc plus que sous Lysanxia, byebye Temesta. Je sais pas encore si je ferais un feu de joie pour me débarrasser de ceux qu'il me reste mais je compte bien fêter ça!

Puis un mois de stabilisation (c'est à dire que je resterai aux mêmes doses) jusqu'à ce que je passe les écrits de mon concours afin de pouvoir rester concentrer et de ne pas trop me fatiguer. Puis le sevrage en lui-même commencera ensuite. Ça devrait être une baisse de 10% des doses toutes les deux semaines, j'ajusterai au moment venu.

A suivre donc.

jeudi 11 mars 2010

Libération




Voilà pour la suite de mon histoire, après la sortie de l'hôpital.

De retour chez moi, aussi démunie,  je ne sais pas si je vais mieux mais je me sens soulagée d'être partie, libérée. Je ne suis pas pour autant sortie de mes angoisses, bien au contraire. Je suis sous antidépresseurs et sous anxiolytiques, et je me sens salement démunie. J'ai toujours aussi peur de sortir, de voir des gens, de tout en fait. La moindre chose, me lever, manger, me laver est une épreuve. Je ne peux plus rien faire sans que ces attaques de panique me prennent aux tripes. Alors une nuit, je craque.

Je prends des médicaments bien plus que je n'aurais du. Je ne voulais pas mourir mais simplement que les angoisses s'arrêtent. Évidemment, difficile à expliquer, et encore plus d'être crue, même encore aujourd'hui. Mais peu importe. Me revoilà partie dans la danse du SAMU, urgences, psychiatres. Et envoyée dans un "centre d'accueil de crise". Tout blanc, tout calme, tout propre. Mais enfermée à nouveau.

Le plus dur est de voir derrière les vitres la ville, les gens, la vie. La vie normale. La vie sans peur. J'y reste quelques temps, une semaine je crois. Cependant je me sens apaisée pour la première fois. Je retrouve mon calme. Je suis triste de voir mes parents, mon ami venir me voir dans mon état mais je me sens protégée. Je lis beaucoup, je dors, je parle, un peu. Mais ce genre de centres n'accueillent que pour une durée très courte, et me voilà renvoyée chez moi, avec un espoir cependant. Une clinique privée qui serait très bien, et qui pourrait accueillir les personnes dans mon cas.

Le problème, comme toujours, est le manque de place, je dois encore attendre quelques semaines avant de pouvoir y être admise. Ne pouvant plus rester seule chez moi, je passe quelques semaines chez mes parents avant d’intégrer cette clinique. Les angoisses se calment chez eux, je me sens moins en insécurité, moins seule, je commence à reprendre espoir.

J’y rentre vers avril. J’y reste d’abord un week-end en hôpital complet (jour et nuit) puis je passe ensuite en hôpital de jour, c'est-à-dire que j’y suis de 9H00 à 18H00, avec un programme déterminé, et le soir, je rentre chez moi. La thérapie pratiquée là-bas est la thérapie cognitivo-comportementale, basée sur l’exposition aux peurs, sur la parole, sur la compréhension de l’angoisse. Pour la première fois depuis le début, on m’explique et le soulagement est immense. Enfin je comprends la réaction de mon corps.
Les crises d'angoisse ne sont pas graves, c'est juste une "sur réaction" du corps à un danger (qui, en l'occurrence, n'existe pas), avec une absorption élevée d'oxygène (hyperventilation) et qui entraîne un stress immense et des symptômes incontrôlables : accélération du rythme cardiaque, tremblement, évanouissements...

Je vois un psychologue régulièrement, il y a des thérapies de groupe, de la peinture, de l’écriture. C’est là aussi que j’ai eu mon traitement actuel. Qui m’a sauvé, et qui, à la fois, fait que je suis aujourd’hui obligée de me sevrer.


Quelque part, je ne regrette pas vraiment… J’en avais besoin à ce moment là, et quand je suis sortie de la clinique, deux mois après, je revivais. Je pouvais sortir seule, voir mes amis, profiter enfin d’une "liberté conditionnelle". Je suis en colère car ça aurait dû mieux se passer pour le suivi, pas juste me dire que j’allais mieux, que c’était réglé. Les médecins auraient du m’accompagner dans le sevrage au lieu de ne voir que la surface et me droguer par sécurité.

Mais malgré tout, et Nietzsche ne me contredirait pas, si je suis là debout, forte, apprenant à me connaître c’est parce que j’ai traversé tout cela. Il est parfois difficile d’être fort, de résister, de combattre, et mes crises me l’ont appris. Jamais d’explications, ou plutôt des centaines, m’ont été données sur les raisons de leur apparition soudaine. La mienne serait que, tout simplement, mon corps et mon esprit ont dit stop, m’ont forcé à m’arrêter de "vivre" pour me poser, pour regarder en moi, pour m'interroger, ouvrir les yeux. Prendre conscience de ce que je suis, arrêter de me mentir, grandir.

Un accouchement est toujours douloureux. L’accouchement de soi l’est de la même manière. Le mien est long, et loin d’être terminé. Les bases sont posées, les fondations de ce que je suis, ce que je veux, ce que vaux. L’estime, la confiance, l’amour, de soi. Connaître son mécanisme interne et le respecter. Laisser de côté les poids de la culpabilité, de la peur, de la méfiance, de tout ce qui nous encombre chaque jour. Les poser un par un pour se sentir un peu plus léger et avancer plus sereinement. Un combat ordinaire, en somme.

Les médicaments sont une des chaînes qui m’entravent, et je sais qu’il y en a encore beaucoup d’autres. La dépendance aux autres, le jugement, l’incapacité à lâcher prise, la peur de faire mal, de dire non…

Mais quel plaisir au final de se découvrir, de se connaître, de s’accepter. De pouvoir se dire que finalement nous existons, réellement. Que nous ne sommes pas juste une ombre qui traverserait la vie, cachée, apeurée, invisible. Je suis un corps, un esprit, je me sens au fond de mes tripes, des pieds à la tête, faite de sentiments, de sensations, de chair et de sang.  Je suis vivante. Et ça, même si ça fait mal parfois, ça n’a pas de prix.

dimanche 7 mars 2010

Day 23

Quelques petites nouvelles après une semaine haute en rebondissements, pas forcément des plus joyeux, et pas forcement sur lesquels j'ai envie de m'étendre ici, donc me voici de retour après trois semaines de substitution.

Ayant la crève et me sentant, suite à ces "rebondissements" pas spécialement forte pour tout assumer, j'attends lundi pour changer mes doses qui seront : 0.5mg de Temesta matin + 15 gouttes de Lysanxia - 0.5mg de Temesta midi + 15 gouttes de Lysanxia - 34 gouttes de Lysanxia le soir. Niveau effets secondaires pas grand chose de neuf, les insomnies vont et viennent, c'est le seul point notable, mais aucun symptôme de manque.

Bref plus qu'un comprimé de cette saleté de Temesta, même si c'est pas gagné, c'est une victoire et je les déguste toutes!


Dans la suite de mes aventures rocambolesque avec la médecine, me voici donc chez mon médecin traitant vendredi après-midi pour lui expliquer mon sevrage et lui demander un suivi au niveau des prescriptions.
Je lui explique donc la méthode de sevrage, lui apporte mon tableau avec les dosages, lui explique que j'ai vu cela avec une psychiatre qui m'a donné sa bénédiction... Bref, je fais le tour du problème en essayant d'être la plus claire possible.

Et là, s'en suit un dialogue surréaliste :

Lui : "Il est joli votre tableau"
Moi : "Euh... Merci. Donc?"
Lui : "Ha bah je peux rien faire. Je suis pas compétent pour ce genre de choses, on sait jamais ce qui peut arriver: des crises de démence, des suicides..."
Moi : "Nan mais je vais bien. Je veux juste me sevrer correctement sur quelques mois, j'ai commencé depuis 3 semaines [je lui explique mes symptômes] bref je vais bien quoi."
Lui : "Non désolé, je ne peux rien faire pour vous."
Moi (avec une tête complétement dépitée) : "Ok. Bon et pour mon ordonnance, parce que là il me faudrait du Lysanxia quand même."
Lui : "Pour ça pas de problème.Vous prenez combien? Bon allez, je vous mets 4 flacons, à renouveler une fois, comme ça vous êtes tranquille!"
Moi (avec une tête encore plus dépitée) : "Euh ok, je vois dois combien?"
Lui : "Non, non rien, c'est bon, allez, bon week-end!"

En gros, ce médecin (je sais même pas si on peut appeler ça comme ça) s'avoue incompétent pour gérer un sevrage, me parle 3 minutes et demi, ne prend ni ma tension, ni rien, ne me demande pas de carte vitale mais me prescrit une sur dose de médicaments. Je pensais avoir entendu toutes les conneries possibles, mais visiblement la bêtise humaine, bon ok, médicale humaine, à de beaux jours devant elle. C'est plutôt désespérant.

mercredi 3 mars 2010

Apprendre

Pas très bien dormi. Corps et cœur meurtris, mais c’est un peu de ma faute, j’avoue.

J’ai relâché la garde, j’ai pris trop confiance, j’ai cru que j’étais assez forte pour tout faire, tout gérer, tout subir. J’ai oublié de m’écouter ces derniers temps, je suis retombée dans mes vieux travers qui consistent à denier mes limites, à foncer droit devant sans réfléchir dans les murs qui se présentent, à sentir et  ressentir pleinement sans prendre garde aux conséquences.

Je me foutrais bien des baffes, parfois, pour encore faire ces erreurs à 26 ans.

Je n’apprendrais donc jamais à me protéger, enfin, non, ce n'est pas tout à fait exact. J’apprends, mais je suis lente! C’est comme vouloir sauter dans le grand bain avant même de savoir nager. Je m’impatiente, je trépigne, et je fais n’importe quoi. Je tiens, un temps, un long moment même, avant de m’écrouler. Et là, tout est à refaire, à reconstruire. Penser ses plaies, attendre que ça cicatrise, et se relever. Mais il y a un certain nombre de coups que je devrais savoir éviter, reconnaître mes failles et ne pas les exposer, ne pas enlever toute mon armure d’un seul coup. Ne pas tout donner, garder quelques réserves.

Il ne s’agit pas pour autant de s’enfermer à double tour dans une Tour d’ivoire, je l’ai fait assez longtemps par peur, terrifiée d’éprouver et c’est probablement tout aussi destructeur. Je crois que c’est le plus difficile pour moi… Savoir doser entre mes émotions et ma raison, ressentir et être indifférente, se laisser porter et résister. Dire non, dire stop, et laisser tout de même les autres entrer dans ma bulle.

Orgueilleuse, entière, et fière, la fragilité et le renoncement ne font pas parti de mon vocabulaire, et je n’espère pas, je ne souhaite pas changer ça. Juste apprendre. Comprendre.

Je sais, ce n’est pas très original, ma seconde patrie l’ayant déjà gravé il y a quelques siècles sur le fronton du temple de Delphes : ΓΝΩΘΙ ΣΕΑΥΤΟΝ. "Connais-toi toi-même". Prends conscience de ton (tes?) identité(s), découvre toi, va au fond de toi pour te confronter, et au final, t’accepter et t’affirmer.

Donc promis, j’arrête de courir jusqu’à en perdre haleine, et je me pause, un peu.